Chroniques livresques

Chronique : Le Jardin arc-en-ciel – Ogawa Ito

« Le Jardin arc-en-ciel » d’Ogawa Ito

Je suis très heureuse d’écrire cette chronique, car je dois dire que cette lecture a été un véritable coup de cœur ! Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant attachée à des personnages, partagée leurs émotions, pleurée et rit avec eux. Et ce grâce à Ogawa Ito, une autrice qui, même si c’est le premier roman que je lis d’elle, m’a marqué et convaincu.

Attention : la chronique comporte quelques spoilers!

Note : 5 / 5

Edition : Philippe Picquier

Nombre de pages : 298

Résumé :

Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train.

Quelques jours plus tard, elles feront l’amour sur la terrasse d’Izumi et ne se quitteront plus.

Avec le petit Sosûke, le fils d’Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne, sous le plus beau ciel étoilé du Japon, où Chiyoko donne naissance à la bien nommée Takara-le-miracle ; ils forment désormais la famille Takashima et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre.

Mon avis :

En essayant de ne pas trop spoiler, je voudrais quand même chroniquer ce livre en suivant la chronologie, parce que c’est important. La famille Takashima est composée de quatre membres, et le livre est composé de quatre partie. Chaque partie correspond à un moment de vie de la famille, et chacune est racontée par un membre de cette famille. Hum… je sens que j’explique très mal haha du coup je vais reprendre un peu plus longuement.

En vérité, il y a un petit prologue, mais je vous laisse découvrir ça.

La première partie est racontée par Izumi. Et cette partie commence par le jour de sa rencontre avec O-Choko (surnom de Chiyoko). Et tout de suite, on comprend le lien fort entre elles deux. Cette femme, divorcée depuis peu, qui n’a d’ailleurs pas encore eu le courage de signer les papiers, dont le seul soleil est son fils : Sôsuke. Elle va tomber amoureuse d’une personne, et qui plus est d’une fille, à peine majeure. Elle se sent perdue mais sûre de son amour. Et ce sont toutes ces questions, pour s’assumer pleinement, pour apprendre à vivre d’une nouvelle manière, qui sont abordées avec Izumi.

La deuxième partie est racontée par O-Choko. Je pense qu’il s’agit du personnage qui m’a le plus touché. L’amour d’O-Choko pour sa famille, pour Izumi est juste beau et apaisant. O-Choko est toujours positive même dans les moments compliqués, il y a toujours, avec ce personnage, une aura de couleurs infinies, d’ailleurs quand je pense au titre, et à l’arc-en-ciel, c’est à ce personnage que je pense. C’est aussi une autre vision qui est amenée. O-Choko est plus jeune qu’Izumi, mais elle s’assume et s’accepte depuis plus longtemps. Et elle a beaucoup plus d’assurance de ce côté, elle veut crier son amour, sa vie, sa famille, et en est si fière. O-Choko apporte force et douceur au récit.

La troisième partie est racontée par Sôsuke, quand il a grandi. On l’a vu grandir à travers le regard de ses mamans, et maintenant, on peut apprendre à le connaître directement. C’est un personnage plus complexe que ce que je pensais. Il a grandi comme un enfant d’une grande gentillesse, donnant toujours énormément aux autres, cachant ses propres faiblesses. Sôsuke a connu comme deux enfances, celle avec ces parents biologiques, et celle dans la famille Takashima, et il est le fruit de ces deux formes d’amour et d’éducation. J’ai été heureuse de « rencontrer » ce personnage à travers la lecture, et d’avoir appris à connaître sa grande sensibilité.

Enfin, la dernière partie du livre se place au moment de l’adolescence de Takara, appelée Takara le miracle. Et là aussi, même si je me sentais moins accrochée à ce personnage, Ogawa Ito a réussi, par son écriture, à me faire comprendre cette erreur. Les mots les plus parlant, pour moi, de ce livre sont dis par ce personnage. Ce qui est intéressant, c’est l’innocence avec laquelle Takara a grandi à travers cette famille. Comment l’idée de la « normalité » des couples dans la société japonaise n’était pas la sienne. Ce qu’elle ne comprend pas, ce sont les couples qui ne sont pas comme ses mamans, pourquoi deux femmes ne pourraient-elles pas avoir d’enfants naturellement, pourquoi la nature a créé l’amour entre deux femmes mais pas le fruit de cette amour ? Autant de problématiques qui sont amenés par ce personnage avec tant de sensibilité…

Pour parler de la forme, l’écriture et la traduction sont très belles, les mots sont beaux et les émotions sont présentes. J’ai su que cette lecture allait être un coup de cœur dès le début. Ce n’est pas un livre où à chaque page il se passe des rebondissements par milliers, même si la famille traverse plusieurs phases compliquées et joyeuses, on est en fait, juste invité à partager leur quotidien, et voir tout ce que cette famille veut offrir, et offre véritablement à eux-mêmes et aux autres. Je n’ai pas parlé de la maison d’hôtes précédemment car j’ai l’impression d’avoir déjà beaucoup spoilé, mais cela leur correspond si bien. Je vous laisse découvrir cette partie du récit.

Dans tous les cas, je garderai longtemps la douceur que m’a apporté cette lecture, j’ai lu ce livre lentement pour ne pas quitter cette famille trop vite.

Vous l’aurez compris, je vous recommande fortement ce livre, si vous aimez les récits doux et « intimistes » dans la famille, ses émotions, colères mais surtout ces joies. Foncez!

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